L’été sent la pluie et le lait caillé

Nous attendions d’être enfin en été, toi devant la maison à nous faire marrer essayant d’attraper les mouches. Retrouver l’herbe humide des matins sans réveil, les déjeuners qui durent jusqu’au dîner à l’ombre des tilleuls, les ciels étoilés, verre à la main, accueillant le sommeil. Attendant une naissance nous n’avions pas pensé à ton absence.

Alie dans nos bras, c’est notre premier été sans toi. Il a fallu te laisser, tu ne seras plus avec nous. Tu ne courras plus autour de la maison, ne veilleras plus sur nous lorsque l’on dort. Un été sans soleil qui devient long, tout ça parce que tu mords. L’été nous a apporté notre fille adorée. Si belle dans notre lit quand elle dort. C’est elle notre soleil même lorsqu’il fait nuit dehors. Tu ne courras pas avec elle autour de cette maison qui était aussi la tienne.

Alie ne se souviendra pas de toi. Elle n’aura pas tes poils collés sous ses pieds, ta truffe chaude dans le creux de sa main. Elle n’écoutera pas ton souffle quand il n’y a plus de bruit ou tes aboiements à travers les champs environnants. L’été sent la pluie et le lait caillé. Les journées sont longues, mais le temps semble filer ; des journées de rires et de larmes à tâtonner, entrecoupées de milliers de tétées. Nous manque soudainement l’odeur de chien mouillé.

Cet été, le dernier, Charly a du partir ; cet été, le premier, Alie n’en aura aucun souvenir.